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Vendredi 29 Mars 2013

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Vendredi 29 Mars 2013.

L’histoire de l’accusation de notre Mère Aîcha ( Radia LLAHO 3anha )


L'affaire se situe en l'an 5 de l'Hégire. Aisha rLa doit avoir autour de 14 ou 15 ans. Cet incident eut un caractère plus grave que tous ceux qui émaillèrent la vie d’Aisha rLa. Il survint après la révélation concernant le port du voile.

Lorsque l'une des Épouses voyageait avec le Prophète sLaws, on descendait son palanquin de son chameau au moment des haltes. Ainsi, lorsqu'elle avait besoin de s'isoler un moment, elle le faisait de façon discrète, en s'éloignant du camp.

Il arriva donc, lors d'une halte, au retour de la campagne victorieuse menée contre la tribu des Banul Mustaliq, tandis que Aisha rLa avait quitté son palanquin, que le Prophète sLaws donna le signal du départ et le palanquin de celle-ci fut remis sur le chameau.

Compte tenu de sa légèreté, personne ne s'aperçut qu'elle n'était pas à l'intérieur, et la caravane reprit la route sans elle. Lorsqu'elle revint au camp, elle ne trouva plus personne ; sans s'affoler, convaincue qu'on s'apercevrait rapidement de son absence et qu'on reviendrait la chercher, elle demeura sur place et s'endormit. Au petit matin, c'est un membre de la caravane, Safwân (dont la mère était la tante maternelle d'Abû Bakr), qui la trouva ainsi endormie. Il avait marché toute la nuit (il était chargé d'assurer l'arrière-garde afin de récupérer les retardataires ou encore les objets perdus). Il l'appela, puis la reconnaissant, la fit monter sur son chameau et la ramena en tenant l'animal par la bride, à marche forcée, pour rejoindre la caravane au moment où celle-ci faisait une nouvelle halte.

L'incident - qui se situe après la révélation sur le voile - n'aurait pas eu d'autres suites si la jalousie n'avait pas habité le cœur de quelques personnes, les unes à l'égard de Aisha rLa, les autres à l'égard de Safwân. Le voyage se termina sans que rien ne survienne.

Arrivée à Médine, Aisha rLa tomba malade pendant un mois. Elle n'imaginait pas qu'elle et Safwân étaient l'objet d'une telle « affaire ». Prophète sLaws venait d'épouser Juwayriya rLa, fille du chef de la tribu des Banul Mustaliq et ne se doutait pas non plus de ce qui se tramait. C'est pourtant à ce moment que débuta la calomnie contre Aisha rLa et Safwân. Ce que le Prophète finit par savoir. Aîcha rLa s'étonnait que l'Envoyé d'Allah sLaws ne s'attarde guère auprès d'elle alors qu'elle était malade. Il prenait de ses nouvelles et repartait, sans rester pour bavarder avec elle selon son habitude. Elle n'apprit les rumeurs calomnieuses dont elle était l'objet qu'après être rétablie, de la bouche de Um Mistah, mère d'un des auteurs de la rumeur. Aîcha rLa en fut abasourdie et tomba de nouveau malade.

Elle demanda au Prophète sLaws la permission de se rendre chez ses parents, afin de s'assurer auprès d'eux de ce qu'elle venait d'apprendre. Elle interrogea sa mère ; Um Ruman lui confirma la rumeur qui circulait, mais tenta de la réconforter en lui disant de ne pas trop attacher d'importance à ces commérages. Aîcha rLa, au lieu d'être réconfortée ou rassurée, pleura abondamment. On nous dit même qu'elle se serait évanouie. Mais, contrairement à ce que pensait sa mère, aucune des Mères des Croyants (Qu'Allah soit satisfait d'elles) ne prit part à ces rumeurs. Il s'agissait de femmes pieuses et dignes, et, quelque motif de jalousie qu'elles auraient pu avoir, aucune ne contribua à colporter ces bruits. Bien au contraire, elles parlaient toutes en faveur de Aisha. Par contre, Hamna, la sœur de Zaynab bint Jahsh, une des Épouses, participa à la calomnie, espérant discréditer Aisha rLa au profit de Zaynab rLa, aux yeux du Prophète sLaws. Mais Zaynab ignorait tout. On nous rapporte même que, comme les autres Épouses, le Prophète sLaws l'interrogea sur ce qu'elle savait. Elle avait répondu :

« Ô Envoyé d'Allah ! Je respecte mes yeux et mes oreilles. Je ne sais que du bien. » Et Aisha ajouta : «
Zaynab était la seule des Épouses qui fut sur un pied d'égalité avec moi. Allah la préserva à cause de sa réserve. Sa soeur se mit alors à lui être également hostile. » [Rapporté par Bukhârî]

En réalité, la calomnie avait pris naissance par un certain Ibn Ubbay et quelques autres « hypocrites », puis fut reprise et propagée par Mista (pour se venger d'un différend entre lui et Abu Bakr) et par le poète, Hassan Ibn Thâbit (qui avait un grief contre Safwân), et enfin, Hamna, sœur de Zaynab, dont nous venons de parler. Aîcha rLa fut ramenée chez elle par ses parents. Elle ne cessait de pleurer et espérait être innocentée. De son côté, le Prophète sLaws n'avait pas le moindre doute quant à l'innocence de sa jeune épouse et de Safwân mais il ne pouvait l'innocenter uniquement parce que sa conviction était faite. Il attendait de recevoir la preuve de cette innocence et comme celle-ci tardait, il interrogeait les autres Épouses et ses proches. Tous disaient la même chose :

«
Cela n'est que mensonges. Nous ne connaissons de Aisha que du bien. » [Rapporté par Bukhârî]

Parmi les Compagnons, il interrogea également 'Ali ibn Abu Tâlib et Usâma ibn Zayd. Usâma, certain qu'elle était innocente également, conseilla :

«
Garde ton épouse. Nous ne savons que du bien d'elle. » Quant à 'Ali, il lui répondit : « Ô Envoyé d'Allah, Allah n'a pas voulu te contrarier. Il y a en dehors d'elle beaucoup d'autres femmes. Interroge sa servante, elle te dira la vérité ! » [Rapporté par Bukhârî]

Cette réponse, un peu ambiguë, blessa Aisha rLa qui s'en souvint longtemps après. Mais nous le verrons plus loin. Le Prophète sLaws interrogea aussi la servante de Aisha rLa, Barîra, qui répondit : «
J'en jure par Celui qui t'a envoyé, je n'ai jamais rien vu de répréhensible, sinon qu'étant une toute jeune femme, il lui arrive parfois de s'endormir auprès du dîner de son mari et de laisser manger sa pitance par le mouton familier de la maison ! »

Le Prophète sLaws s'est résolut d'évoquer publiquement cette affaire en s'adressant aux fidèles. Il leur tint à peu près ce langage:

«
O Gens ! Que vous semble-t-il de ceux qui m'offensent au travers des membres de ma famille en répandant sur eux de faux bruits ? Par Allah, je ne connais que du bien des gens de ma maison et que du bien de l'homme dont ils parlent, qui n’est jamais entré dans l'une de mes maisons sans que je sois avec lui. » [Rapporté par Bukhârî]

II s'ensuivit même une altercation entre plusieurs personnes, et le Prophète sLaws dut ramener le calme entre eux. Aisha rLa ignorait alors que le Prophète Muhammad sLaws l'avait ainsi publiquement défendue ; cependant, cela l'eut bien réconfortée. Elle continuait de pleurer tout en plaçant sa confiance en Allah swt. Il ne suffisait évidemment pas que le Prophète sLaws et quelques autres personnes soient convaincus de l'innocence de Aisha rLa et Safwân pour que tout rentre dans l'ordre ; il fallait une preuve et celle-ci tardait à se manifester ! C'est par les épreuves auxquelles IL soumet les Croyants qu'Allah swt élève leur foi.

Il y a là, pour tout Musulman, de quoi méditer sur le fait que la confiance en Dieu est essentielle dans les moments difficiles de l'existence. Un mois s'était écoulé depuis le début de l'affaire.

Un jour, alors que ses parents étaient près d'elle, ainsi qu'une femme des Ansar venue la réconforter, Aisha rLa vit le Prophète sLaws entrer chez elle. Il la salua et s'assit, ce qu'il n'avait pas fait depuis le début de sa maladie. ârî nous rapporte que le Prophète sLaws prononça la shahâda, puis s'adressa à elle en ces termes :

«
O 'Aïsha, il m'est parvenu telle ou telle chose sur ton compte ; si tu es innocente, Allah te justifiera ; si tu as commis quelque faute, demande pardon à Allah et reviens à Lui. Le fidèle qui reconnaît ses fautes et qui revient à Allah, Allah revient à lui. »

À peine avait-il achevé de parler qu'elle cessa de pleurer et, s'adressant à son père, le pria : «
Réponds à l'Envoyé d'Allah pour moi ! » Abu Bakr rLa lui dit alors : « Je ne sais pas quoi lui dire ! » Elle adressa la même demande à sa mère, qui lui fit la même réponse. Alors, s'adressant elle-même au Prophète sLaws, elle lui dit :

«
Je sais que vous avez entendu ce que les gens disent ; cela est entré dans vos âmes et vous y ajoutez foi. Si je vous dis que je suis innocente - et Allah sait que je suis innocente - vous ne me croirez pas. Mais, si je vous avouais que j'ai commis ce dont Allah sait que je suis innocente, vous me croiriez. Je vous dirai donc ce qu'a dit le père de Joseph :

{
La résignation est une belle chose et Dieu me viendra en aide contre ce que vous avez raconté.}
[Sourate 12 – Verset 18]

Il s'agit-là des paroles de Jacob ( AS ) à ses fils venus lui annoncer la mort de Joseph ( AS ), alors qu'ils s'étaient mis d'accord entre eux pour le jeter dans un puits. Après cette réponse, Aisha rLa retourna s'allonger sur son lit tandis que le Prophète sLaws prolongeait sa visite, avec ses parents. Et, tandis qu'il était encore là, il reçut la révélation qui innocentait enfin Aisha rLa:

«
Oui, ceux qui sont venus avec la calomnie, c'est tout une bande des vôtres. Ne la comptez pas pour un mal, au contraire, cela vous est un bien. À chacun d'eux ce qu'il gagne comme péché. À celui, cependant, qui se charge de la part la plus grande parmi eux, un énorme châtiment. Pourquoi , lorsque vous l'avez entendue (la calomnie), Croyants et Croyantes, n'avez-vous pas pensé à bien en vous-mêmes et n'avez-vous pas dit : "C'est une calomnie évidente ?"
Pourquoi n'ont-ils pas produits ( à l'appui de leurs accusations ) quatre témoins ? Alors, s'ils ne produisent pas de témoins, ce sont eux auprès de Dieu les menteurs. Et sans la Grâce de Dieu sur vous, et Sa miséricorde ici-bas comme dans l'au-delà, un énorme châtiment vous aurait touchés pour ce que vous avez lancés. vous receviez sur vos langues et disiez de vos bouches ce dont vous n'aviez aucune science, et vous le comptiez pour rien, alors que - auprès de Dieu - c'était énorme. pourquoi ne disiez-vous pas, lorsque vous l'entendiez : Qu'avons-nous à en parler ? Pureté à Toi ! C'est une énorme calomnie ! ALLAH vous exhorte à ne plus jamais répéter une chose pareille si vous êtes Croyants. Et Dieu vous expose clairement les signes et les versets. Dieu, cependant, est Savant et Sage. » [Sourate 24 – Versets 11-18]

Le Prophète sLaws redevint souriant et annonça à Aisha rLa : «
Ô 'Aïsha ! Allah te déclare innocente ! » Ses parents, toujours présents, lui conseillèrent : « Va vers lui et sois-lui reconnaissante. » Mais elle leur répondit : « Je n'irai pas à lui et c'est Allah Seul que je vais louer. » Comme on le voit, malgré son jeune âge, Aisha rLa avait du caractère et une forte personnalité.

Nous devons ici constater que la révélation de ces versets fut un grand bien pour la Communauté des Musulmans ; ces Versets, en effet, interdisent toute supputation sur la conduite d'une femme et interdisent de porter atteinte à qui que ce soit en l'accusant d'adultère,
à moins de pouvoir présenter le témoignage de quatre personnes de bonne foi.


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